La vie après l'UniNE
« Un master à double orientation est un atout indéniable »
Yasemin Hazinedar, avocate-stagiaire chez Reymond & Associés
En 2014, Yasemin Hazinedar a obtenu un Master en droit avec une double orientation Business and Tax Law et Innovation-Propriété intellectuelle-PME. Après avoir travaillé durant une année et demie chez MSC (Mediterranean Shipping Company), l’un des leaders mondiaux dans le domaine des croisières et de l’affrètement maritime, elle effectue aujourd’hui son stage d’avocat au sein d’un cabinet lausannois.
Juriste dans une entreprise de renommée internationale, vous avez décidé de passer votre brevet d’avocat une année et demie après votre master. Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le cap?
J’aimerais pouvoir travailler à terme dans un domaine plus en lien avec mon master. La propriété intellectuelle est un domaine en pleine expansion, mais paradoxalement, les places restent rares en Suisse. Et les employeurs, dans ce secteur, préfèrent les candidats avec un brevet. Un matin, alors que je travaillais encore chez MSC, je me suis décidée sur un coup de tête: j’ai envoyé cinq postulations et… j’ai reçu cinq offres. J’ai finalement choisi le cabinet le plus généraliste.
Aujourd’hui, mon travail consiste en substance à répondre à des questions précises posées par les avocats et les clients. Il y a de nombreuses procédures, il faut aller aux audiences. C’est moins diversifié que chez MSC, mais c’est un passage obligé pour accéder aux domaines de l’innovation et de la propriété intellectuelle.
Quel bilan tirez-vous de vos premières expériences dans le monde du travail?
Les juristes sont très prisés sur le marché de l’emploi. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de chance, j’ai à chaque fois été engagée rapidement. En cours de master, j’ai par exemple eu l’opportunité d’intégrer le cabinet d’audit Deloitte en tant que consultante en fiscalité. Ce dernier fait partie des Big Four, soit les quatre grands cabinets d’audit et de conseil au niveau mondial, avec PricewaterhouseCoopers, Ernest&Young et KPMG. J’y suis restée six mois, durant lesquels j’ai énormément travaillé. L’expérience a été enrichissante. Mais ce n’était pas suffisamment juridique à mon goût. J’avais envie d’utiliser les connaissances acquises lors de mon cursus.
J’ai donc postulé chez MSC, où j’ai été engagée en tant que juriste. Durant une année et demie, j’ai travaillé au siège, qui se trouve à Genève. Je m’occupais de toutes les questions relatives aux embargos. Malgré mon statut de junior, j’avais beaucoup de responsabilités et une grande marge de manœuvre dans mon travail. J’ai également voyagé pour former nos différents agents sur les embargos applicables à MSC. Je suis notamment allée à Singapour pour des séminaires sur les sanctions et les embargos dans le monde maritime. C’était passionnant!
Comment avez-vous réussi à mener de front vos études et votre travail?
Il faut une solide discipline et travailler sans compter, encore plus avec un master à double orientation. Comme j’aime les challenges, je n’ai pas hésité. J’ai eu la possibilité par exemple de prendre un maximum de cours la première année, ce qui m’a facilité la tâche lors de la deuxième année, au cours de laquelle j’ai travaillé auprès du Professeur Daniel Kraus - titulaire de la chaire de droit de l'innovation - en tant qu’assistante, avant d’intégrer le cabinet d’audit Deloitte. J’ai rédigé mes deux mémoires en dehors des heures de travail, essentiellement les week-ends. Ça n’a pas été facile. Mais cela en valait la peine.
Quels sont les points forts de votre cursus?
Sans conteste mon master avec double orientation. Celles que j’ai choisies sont à mes yeux les plus intéressantes. Au niveau du contenu déjà, j’ai pu me spécialiser dans des domaines qui me passionnent. Au niveau du papier enfin: c’est un master peu courant, qui m’a permis de me démarquer des autres candidats lors des processus de recrutement. Les employeurs apprécient en outre beaucoup qu’un candidat soit spécialisé dans plusieurs domaines. Le fait que la formation soit en anglais est enfin un atout indéniable. Même si je n’ai pas encore travaillé dans les domaines étudiés, j’ai acquis grâce à mon master une solide capacité d’analyse que j’utilise quotidiennement.
Quel souvenir gardez-vous de l’Université de Neuchâtel?
J’en garde un excellent souvenir. J’ai aimé la diversité des cours, la qualité de l’enseignement, les séminaires thématiques, tous d’une très grande valeur. Sans oublier l’accessibilité et la disponibilité des professeurs. Ça a été cinq belles années.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou futur étudiant?
Ça dépend de la carrière qu’il veut faire. Pour un étudiant en droit, je lui conseillerais dans tous les cas de choisir un master avec double orientation. C’est un véritable plus sur le marché du travail. S’il hésite à passer son brevet d’avocat, je lui dirais de le faire uniquement s’il est certain de son choix. Et de ne pas avoir d’appréhension: la demande en juristes est très forte. Enfin, je lui conseillerais de commencer à chercher une place dès le début de la rédaction de son mémoire, quitte à devoir jongler pendant un certain temps entre travail et études. C’est un risque qui vaut la peine d’être pris!
Interview UniNE 2016