La vie après UniNE
« Une fois qu’on a trouvé sa voie, il faut foncer… »
Simon Geinoz, Conseiller juridique au sein de l’Union Cycliste Internationale (UCI)
Simon Geinoz a obtenu un Master en droit du sport en 2009. Après une année d’assistanat à l’Université de Neuchâtel, il a rejoint l’Union Cycliste Internationale (UCI), à Aigle, où il travaille en tant que conseiller juridique au Service juridique – Unité Antidopage.
A peine sorti de l’Université, vous avez rejoint l’UCI, une fédération sportive de renommée internationale. Un rêve qui se réalisait ?
Oui. Je voulais clairement, au terme de mon master, travailler dans le milieu du droit du sport. Une des possibilités était de rejoindre une structure administrative sportive. Hormis les incontournables, telles que la CIO, l’UEFA, la FIFA ou encore l’UCI, il existe peu de fédérations où l’on peut vraiment développer ses connaissances et exercer le métier de juriste à plein temps. Les places sont chères. J’ai envoyé une offre spontanée. Ils ont gardé mon dossier et m’ont recontacté au moment où je terminais ma première année d’assistanat. J’ai eu beaucoup de chance : j’étais au bon endroit au bon moment.
Le cyclisme est-il un monde que vous connaissiez bien ?
Avant mon entrée à l’UCI, je le connaissais par l’intermédiaire des médias. A l’époque, comme beaucoup de gens, j’avais suivi avec intérêt toutes les affaires liées au dopage. C’est un monde très critiqué, mais malgré tout, il y a toujours des millions de spectateurs, que ce soit sur les routes du Tour de France ou aux Jeux olympiques, sans oublier les compétitions amateurs qui drainent également un large public. Le cyclisme reste très populaire. Peut-être parce que ce n’est pas seulement un sport, mais aussi un moyen de locomotion : tout le monde pratique ou a pratiqué du vélo dans sa vie.
Aujourd’hui, vous travaillez dans le service juridique antidopage de l’UCI, qui compte parmi les principaux acteurs engagés dans la lutte antidopage dans le cyclisme. En quoi consiste concrètement votre travail ?
Cela fait bientôt cinq ans que je travaille à l’UCI, mais je m’occupe des questions liées à l’antidopage depuis trois ans seulement. Sous l’impulsion du nouveau président Brian Cookson, en 2013, une unité juridique antidopage séparée de l’UCI a été mise en place. Formellement, je suis toujours employé de la Fédération, par contre l’unité dans laquelle je travaille ne relève plus de son management et collabore quotidiennement avec un juriste externe. Concrètement, le service s’occupe de toutes les questions en lien avec le programme antidopage de l’UCI et traite, par année, une soixantaine de procédures pour violation des règles antidopage. Cela consiste à notifier les sportifs concernés et à assurer le suivi de la procédure disciplinaire auprès des fédérations nationales desdits sportifs et, depuis 2015, auprès du Tribunal antidopage de l’UCI.
Nous collaborons avec la Cycling Anti-Doping Foundation (une fondation indépendante de l’UCI responsable de la mise en œuvre de son programme antidopage), les organisations nationales antidopage ainsi qu’avec l’Agence Mondiale antidopage. Parallèlement, je participe à des séminaires réunissant l’ensemble de la communauté antidopage. De manière générale, j’ai tout de suite été au point au niveau des procédures juridiques et de la réglementation sportive. Un des principaux challenges reste l’aspect communication: Comment faire passer une information auprès des sportifs, mais surtout auprès du public ? C’est une question sensible, encore plus quand il s’agit de dopage.
Votre master vous a-t-il bien préparé à ce poste ?
Oui, tout à fait. C’est un excellent bagage. Je me suis tout de suite senti dans mon élément. Quand j’ai appris lors de mes études en droit à Genève l’existence de ce master – unique en Suisse romande, je n’ai pas hésité. J’ai toujours aimé le sport, en particulier le volleyball, que j’ai pratiqué pendant des années en tant que joueur et entraîneur. Mais plus que l’aspect compétition, c’est celui de la politique qui m’a toujours passionné. Durant mon master, j’ai pris l’option de ne prendre que des branches qui m’intéressaient. J’ai spécialement apprécié les cours en droit du sport. Je me rappelle en particulier ceux du professeur Denis Oswald qui, avec son expérience du mouvement fédératif, apportait une touche institutionnelle contrebalancée par celle du professeur Antonio Rigozzi qui, en tant qu’avocat de coureurs cyclistes notamment, avait une vision plus proche des athlètes. Deux regards très intéressants et enrichissants qui m’ont beaucoup apporté.
Vous qui avez passé votre bachelor à Genève, quels sont les points forts de l’Université de Neuchâtel ?
Le premier élément qui m’a frappé, c’est la dimension humaine. Il y a beaucoup moins d’étudiants qu’à Genève. Le deuxième, c’est la proximité avec les professeurs, leur disponibilité pour répondre aux questions. Sans oublier les assistants, qui sont relativement nombreux. C’est un véritable atout. Côté cadre, c’est idéal. Il y a le lac bien sûr, mais aussi l’accès rapide à la gare. Pour moi qui prenais le train tous les jours, c’était pratique. Je garde un très bon souvenir de cette période, durant laquelle j’ai eu une vie sociale bien remplie, que ce soit via le sport ou les nouvelles rencontres.
Au terme de mon master, j’ai continué avec plaisir à m’y rendre, mais cette fois en tant qu’assistant. Engagé par le professeur Piermarco Zen-Ruffinen et le CIES (Centre international d’étude du sport, basé à Neuchâtel), j’ai pu pendant une année parfaire mes connaissances en droit du sport. Une manière pour moi de continuer à construire mon chemin pour accéder à mon objectif : travailler dans une structure administrative sportive. Aujourd’hui, je suis ravi d’avoir encore des liens avec l’UniNE. J’ai été invité à plusieurs reprises à parler de l’UCI dans le cadre des séminaires de mon ancien professeur Antonio Rigozzi, qui est aujourd’hui conseiller juridique externe de la Fédération.
Quel conseil donneriez-vous à un étudiant ou futur étudiant ?
Il faut faire ce qu’on aime. Peu importe si c’est socialement reconnu ou non. Il faut s’armer de patience, persévérer. Mais une fois qu’on a trouvé sa voie, il faut foncer et construire son chemin pour atteindre son objectif avant d’en trouver un autre. Le facteur chance joue bien sûr un rôle, mais c’est à chacun de créer ses opportunités.
Interview UniNE 2015