Au fait, le 8 mars, c’est quoi ?

05.03.2024 | Vie sur le campus | Roxane Mazery

 

UNINE_BLOG-8mars-1.pngJournée de la femme, journée des droits des femmes, journée des luttes féministes… Le 8 mars fait l’objet de nombreuses dénominations et croyances. Faut-il offrir des fleurs ou des chocolats aux femmes autour de soi ? Profiter des réductions que les magasins de lingerie ou de cosmétiques proposent pour l’occasion ? Aller manifester ? Retour aux origines de cette journée somme toute assez méconnue malgré son importance.

 

Chaque année, on entend toute et tous parler du 8 mars, que ce soit par le biais des médias, d’opérations marketing ou d’évènements et conférences organisés pour l’occasion. Mais sait-on vraiment ce que signifie cette journée, ou comment elle est née?

 

Un peu d’Histoire

Les origines du 8 mars font l’objet de nombreux débats parmi les historien-ne-s. Si cette journée a été officialisée en 1977 par l’ONU, elle prend sa source dans plusieurs initiatives déjà présentes en Europe et aux Etats-Unis tout au long du XXe siècle.

Selon Pauline Milani, historienne spécialisée dans l’histoire des femmes à l’université de Fribourg, la première journée en faveur des droits des femmes apparaît en 1909 : c’est une journée nationale célébrée à l’initiative de femmes socialistes aux Etats-Unis. En 1910, lors du Congrès des femmes socialistes à Copenhague, la création d’une “journée internationale des femmes” est proposée. Bien que cette initiative ne soit pas vraiment soutenue politiquement, elle sera suivie dès le 19 mars 1911 dans plusieurs pays, dont la Suisse.

Cependant, cette première journée n’a pas lieu le 8 mars. Alors d’où vient cette date ? Son origine a longtemps fait l’objet d’un mythe : la date du 8 mars aurait été choisie en hommage à une journée de grève organisée le 8 mars 1857 par des ouvrières new-yorkaises. Cependant, on ne dispose d’aucune preuve historique de l’existence de cet évènement. Une autre thèse explique que le 8 mars correspondrait en fait au 8 mars 1917, date d’une grève d’ouvrières à St-Pétersbourg qui aurait été l’un des déclencheurs de la révolution russe. En hommage à cette journée, Lénine crée en 1921 une journée de la femme le 8 mars. Cette initiative se répand petit à petit dans d’autres pays par l’intermédiaire des partis et syndicats communistes. Elle est célébrée pour le première fois en Suisse en 1936.

Ainsi, cette journée est portée pendant de nombreuses années par les mouvements communistes, avant d’être enfin officialisée en 1977 par l’ONU. Mais dans un contexte de guerre froide, on invente l’hypothèse de la grève des ouvrières new-yorkaises et elle est privilégiée pendant longtemps dans les versions officielles.

Cette journée porte cependant depuis sa création une dimension militante : c’est une journée de lutte pour les droits des femmes. Si une importante récupération marketing a contribué à estomper cet aspect politique, il est important de se souvenir que cette journée a été créée avant tout pour mettre en avant la nécessité de se battre pour les droits des femmes.

 

Ce n’est pas la journée de la femme

Ainsi, le 8 mars n’a pas vraiment pour but de célébrer les femmes, mais plutôt de mettre en lumière le travail qui reste à faire pour défendre leurs droits. Cette journée vise à faire le point sur les initiatives mises en place, les inégalités toujours présentes et de réfléchir aux meilleurs moyens de les faire disparaître.

Chaque année, un thème est choisi par l’ONU pour cette journée. C’est un moyen de souligner les problématiques les plus urgentes à traiter dans l’année à venir. En 2024, ce thème s’intitule “Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme”. Il part du constat d’un déficit important dans les dépenses liées à l’égalité hommes-femmes et propose de réfléchir à un meilleur financement de ces initiatives.

Plus d’informations ici : https://www.un.org/fr/observances/womens-day

 

On entend souvent certain-e-s remettre en cause l’existence de cette journée, au prétexte que l’égalité hommes-femmes serait déjà atteinte, ou qu’il n’existe pas de “journée des droits des hommes”. En réalité, au-delà du fait que les statistiques montrent clairement que ce n’est pas le cas (et qu’une journée des hommes existe déjà, bien qu’elle ne soit pas reconnue par l’ONU), l’existence même de cette journée est la preuve qu’un important travail reste à faire : si l’égalité était déjà atteinte, les femmes n’auraient pas besoin d’une journée pour défendre leurs droits.

Alors, que faire le 8 mars ? S’il est gentil d’offrir des roses ou du chocolat, il y a des manières plus appropriées de faire bon usage de cette journée : se rendre à des conférences sur le sujet, se renseigner sur les initiatives mises en place, participer à un rassemblement (à Genève ou Lausanne par exemple), discuter avec ses ami-e-s, réfléchir à ses propres actions… Si chacun s’engage individuellement pour le 8 mars, il arrivera peut-être un jour où cette journée pourra disparaître !

 

Sources

https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/273605-droits-des-femmes-cinq-questions-sur-la-journee-du-8-mars

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/03/08/joyeuse-fete-de-la-femme-huit-idees-recues-sur-la-journee-internationale-des-droits-des-femmes_6072287_4355771.html

https://www.rts.ch/audio-podcast/2023/audio/8-mars-pourquoi-ce-n-est-pas-la-journee-de-la-femme-26105700.html

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/07/quelle-est-l-origine-de-la-journee-du-8-mars-dediee-a-la-lutte-pour-les-droits-des-femmes_5432860_3224.html

 


 

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Biographie

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Roxane Mazery
Étudiante en Master en journalisme et communication, Orientation création de contenus et communication d’intérêt général (MA3CIG)

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