Communiqué
"Slow Foot" : dix ans de réflexion sur un jeu miné par l’argent
13 mai 2016
Face à la marchandisation croissante du football, trois chercheurs du Centre international d’étude du sport (CIES) à Neuchâtel ont pris le temps d’analyser les enjeux et les perspectives de ce sport. Dans «Slow Foot», Raffaele Poli, Roger Besson et Loïc Ravenel exposent les réflexions menées depuis dix ans au sein de l’Observatoire du Football CIES. Issu d’un partenariat entre la FIFA, l’Université, la Ville et le Canton de Neuchâtel, le CIES a pour vocation de servir de passerelle entre les mondes de la recherche, de l’enseignement et de la communauté sportive.
Le football a connu un essor phénoménal ces dernières années, non seulement au niveau sportif, mais aussi et surtout sur le plan économique. «La marchandisation du football n’a pas de limites, déplore Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football CIES. Il y a de plus en plus de matches au détriment de la qualité du spectacle présenté. De plus en plus de transferts échappent à toute logique sportive. Les joueurs sont devenus des objets sur lesquels spéculer. La dimension humaine et ludique du jeu est de plus en plus oubliée, tant au niveau de l’élite que du football amateur.»
A travers sept chapitres abordant des thèmes aussi divers que le transfert des joueurs, leurs valeurs marchandes et leurs performances réelles, leur formation et finalement leur développement, le livre invite à réfléchir à la situation présente pour mieux envisager l’avenir.
Ainsi en est-il du marché des transferts dont les montants donnent le vertige. Au cours de la seule année 2015, les clubs professionnels ont dépensé 4,2 milliards de dollars en indemnités de transferts internationaux. Raffaele Poli et ses collègues exposent le rôle grandissant des investisseurs externes qui «ont placé des capitaux pour acquérir des options sur les indemnités payées lors du transfert de joueurs». Cette «tierce propriété des joueurs» encourage clairement la spéculation.
«Faute de mécanismes de redistribution efficaces, les grands clubs concentrent de plus en plus les richesses, enchaîne Raffaele Poli. Cette concentration se fait au détriment de la grande majorité des équipes à travers le monde. Les faillites de clubs se succèdent à un rythme impressionnant, même dans un pays aisé comme la Suisse. Dans le livre, nous proposons notamment une réforme du système des transferts qui permettrait aux clubs formateurs d’être mieux récompensés pour leur travail. Il est à notre avis urgent de réfléchir à des mécanismes pour rééquilibrer les débats.»
Les auteurs veulent toutefois rester optimistes. «Nous voyons le football comme un patrimoine de l’humanité, conclut Raffaele Poli. Nous avons envie de lutter activement contre les nombreuses dérives observées au fil des recherches menées au sein de l’Observatoire du football CIES : spéculation, exploitation, violence, corruption, truquages, etc. Avec le temps, nous espérons être à même de créer un mouvement international de "slow football". La prochaine étape pour parvenir à cette fin consiste à traduire le livre en différentes langues. Nous y travaillons déjà.»
Contact :
Dr. Raffaele Poli
Responsable de l'Observatoire du football CIES
Tél: +41 32 718 39 03
raffaele.poli@unine.ch