Communiqué de presse

une "batterie" au secours des troubles de la compréhension

Neuchâtel, le 26 février 2007. Un accident cérébral peut léser une personne dans sa maîtrise de la parole. A quel niveau se situe le trouble ? Comprend-elle le sens des mots ou éprouve-t-elle des difficultés d'ordre syntaxique ? La « batterie de tests » développée à l'Université de Neuchâtel, qui se présente sous la forme d'un lecteur de minidisque relié à une boîte d'analyse, va permettre de mieux cerner le problème.

Pitié-Salpétrière, à Paris, Erasme, à Bruxelles, Toulouse, Bordeaux, Caen... Tous ces centres hospitaliers universitaires (CHU) se sont portés volontaires pour expérimenter un nouveau dispositif d'analyse des troubles de la compréhension orale en temps réél. François Grosjean, directeur du Laboratoire de traitement du langage et de la parole (LTLP) de l'Université de Neuchâtel, était à Paris dernièrement pour remettre l'instrument entre les mains des neurolinguistes.

Cette « batterie de tests » permettra de mieux situer le problème de patients aphasiques (atteints dans l'usage du langage à la suite d'un accident cérébral). Comme l'explique François Grosjean, « jusqu'à présent, on constatait qu'une personne n'arrivait plus à comprendre correctement, mais sans pouvoir vraiment dire si elle butait sur la reconnaissance des sons ou des mots, de la grammaire ou d'autre chose. Pour simplifier, imaginez-vous une voiture en panne. Nous étions comme un garagiste qui doit se contenter d'observer que le véhicule n'avance plus. Désormais, il est en mesure d'affirmer que ce sont la transmission ou la pompe à injection qui ne fonctionne pas. »

La batterie se présente sous la forme d'un lecteur de minidisque relié à une boîte d'analyse. Le patient écoute les tests qu'on lui diffuse et réagit en appuyant sur un bouton. Il peut ainsi montrer qu'il a repéré un intrus dans une suite logique, parmi les sons : ma-ma-ma-ma-ma-FA-ma-ma-ma-ma, par exemple. La machine chronomètre son temps de réaction.

Dans un autre test, le patient devra distinguer les mots qui appartiennent à la langue française (« tuile », par exemple) de ceux qui n'ont aucun sens (« glipache »). Chacun des différents niveaux de compréhension est ainsi passé en revue. A la fin, le neurolinguiste est capable de dire s'il s'agit d'un problème de reconnaissance des sons ou des mots, de traitement morpho-syntaxique (en rapport avec la grammaire), de traitement sémantique, etc.

Les CHU devraient donc tirer profit de cet outil de travail qui manquait jusqu'à présent aux pays francophones. Leurs résultats serviront à affiner la batterie, dont le développement a commencé il y a douze ans déjà. « Les premières années ont été dédiées au développement des tests et du matériel électronique en collaboration avec Daniel Varidel, de l'Institut de physique de l'Université », observe François Grosjean. Le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) a ensuite procédé à une première évaluation.

Parmi les centres-pilotes prêts à utiliser la batterie figurent, en plus des noms cités plus haut, les CHU de Garches et de St-Etienne, ainsi que le Laboratoire Langage et Parole d'Aix-en-Provence.

Contact

François Grosjean
Laboratoire de traitement du langage et de la parole
Université de Neuchâtel
Avenue du 1er Mars 26
2000 Neuchâtel
Tél. 032 718 17 55, 079 741 58 65
francois.grosjean@unine.ch