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Maradan Kimsa

Thèse de doctorat

Mobilités et enjeux du travail informel dans un contexte de transition économique et sociale au Viêt Nam

 

Depuis les réformes du Doi Moi (Renouveau économique) en 1986, le Viêt Nam est entré dans un processus de transition économique accéléré. Le pays connaît une croissance régulière de l’ordre de 6% par an depuis près d’une trentaine d’années et la composition de cette croissance a considérablement changé avec le recul du secteur agricole et l’augmentation de l’industrie, des services et du commerce en termes de part du PIB et d’emploi. Ce processus s’accompagne de transitions et d’interactions entre emplois formels et informels. En 2012, la main-d’œuvre informelle représentait 95% de l’emploi total, en 2018 elle ne représentait que 74,6%[1]. Les dynamiques économiques nationales et les investissements étrangers, s’ils sont des facteurs de transformation de l’emploi, produisent des effets très différenciés selon les régions, les secteurs d’activités et la diversité des statuts au sein de la main d’œuvre informelle (micro-entrepreneurs, indépendants, employés). Ce projet examine les trajectoires et dynamiques complexes de la mobilité de la main-d'œuvre dans le Vietnam contemporain. La recherche sera structurée autour de trois questions principales. Quelles mobilités socioprofessionnelles se dessinent au Viêt Nam dans les secteurs de la pêche, du tourisme et du commerce pour les travailleurs informels ? Hormis la transition vers le secteur formel, considérée comme le paradigme dominant par la littérature, quelles sont les mobilités alternatives auxquelles les travailleurs informels aspirent ? Quels sont les facteurs qui déterminent le champ des possibles des mobilités socioprofessionnelles et quelles ressources et stratégies les travailleurs mobilisent pour y arriver ? Pour appréhender les évolutions et les rapports entre statuts d’emploi formel et informel dans ce contexte de transition économique et sociale, je vais mobiliser un dispositif d’enquête qualitatif centré sur les chaînes de mobilité des travailleurs vietnamiens dans 3 localités (Ha-Tiên, Phu Quoc et Rach Gia) couplées à 3 secteurs d’activités (pêche, tourisme, commerce) dans la Province de Kiên Giang. Pour ce faire, je sélectionnerai de façon itérative un échantillon de 30 à 35 individus dans chaque secteur afin de retracer les mobilités par des observations ethnographiques et des entretiens semi-directifs au cours de 3 séjours d’environ 3 mois. Cette recherche pose l’hypothèse que les mobilités des travailleurs vietnamiens ne s’observent pas uniquement par le passage d’un emploi informel à un emploi formel mais par des formes hybrides de combinaison de postes et de changement de statut au sein de l’économie informelle qui expliquent que le travail informel reste une ressource attractive voire un élément structurel du marché du travail vietnamien.

En termes de portée scientifique, nous proposons à travers cette recherche, d’une part, de débattre sur les catégories formelle et informelle, spécifiquement sur la notion d’attractivité et, d’autre part, d’enrichir les catégories existantes de chaînes de mobilité par une typologie des réalisations, en qualifiant les succès mais aussi les échecs. Ces trajectoires professionnelles mettront potentiellement en lumière des processus d’individualisation des travailleurs vietnamiens face aux entreprises familiales. Il sera également question d’observer la dialectique entre les éléments structurants, ceux qui sont le fait de la transition économique et sociale, ceux qui sont le fait de la dynamique des marchés de travail régionaux et la dialectique des stratégies et des aspirations individuelles. Le contenu empirique substantiel de la thèse contribuera à la littérature sur les chaînes de mobilité en démontrant l’évolution de l’offre d’emplois et des opportunités pour la main d’œuvre locale dans un contexte de décollage économique et participera également à l’élaboration d’une connaissance plus sociologique sur le Doi Moi.

 

Collaborateur(s) et institut(s) associé(s) : Prof. Olivier Crevoisier, directeur de thèse, Institut de Sociologie (UNINE) 

Source(s) de financement :  aucune

Durée prévue : 2022-2026

Assistante-doctorante

Contact

Institut de sociologie
Faubourg de l'Hôpital 27
2000 Neuchâtel

Bureau 301
Courriel Kimsa Maradan