Introduction complète
Chaque année, l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel organise un travail de terrain pour les étudiant.e.s de Master, intitulé Terrain urbain, qui se déroule dans une ville étrangère. Après quelques séances de préparation, les étudiant.e.s ont l’occasion, durant cinq jours, de se confronter aux réalités et aux problèmes concrets que rencontre le chercheur lorsqu’il collecte ses données. Le but premier de cet exercice est de compléter la formation théorique par une expérience de recherche concrète, autour d’une thématique spécifique à un contexte urbain définie par le corps enseignant, et ainsi permettre aux étudiants de développer leurs capacités à organiser une recherche dans son intégralité, en un temps relativement limité.
Lors de l’édition 2019 du terrain urbain, les étudiants se sont intéressés aux dynamiques de métropolitisation et mondialisation de la ville de Luxembourg. Avec un peu plus de 116'000 habitants, sa superficie de 51 km2 pour une densité de population d’environ 2250 habitants par km2 (STATEC, 2019 : 10-14) Luxembourg-ville est une capitale européenne de taille modeste qui dénote, lorsqu’on évoque la question des villes mondiales ou villes globales pour reprendre les termes de Saskia Sassen (1991). On est en effet bien loin des mégalopoles que sont Londres, New York ou Tokyo, qui figurent régulièrement en premières positions des différents classements et hiérarchies urbaines (GaWC, 2018). Néanmoins, au fil du 20ème siècle, la ville de Luxembourg a su se tailler une place prépondérante à l’échelle mondiale, tant sur le plan politique, dans la mesure où elle est l’un des trois sièges des institutions de l’Union européene – aux cotés de Bruxelles, Strasbourg – que sur le plan financier. En effet, dans un contexte de crise de l’industrie sidérurgique dans les années 1960, Luxembourg opte pour une stratégie de reconversion écononomique articulée autour du secteur financier. Aujourd’hui, Luxembourg-ville occupe aujourd’hui la vingt-et-unième place du classement des places financières mondiales, ou la quatrième place si l’on tient compte que du continent européen, devant Genève ou Paris (Z/Yen, 2018). Ainsi, la ville de Luxembourg joue aujourd’hui un rôle politico-économique croissant au sein d’un réseau supra-national constité de métropôles interconnectées.
Ces dynamiques, s’accompagnent inévitablement de transformations socios-patiales importantes. Luxembourg a connu une augmentation du nombre d’habitants d’environ 65% entre 1981 et 2018 (STATEC, 2019 : 12). Cette croissance s’explique avant tout par un flux migratoire important ; à l’heure actuelle, 70.8 % de la population est de nationalité non luxembourgeoise (STATEC 2019 : 18). Luxembourg-ville se caractérise donc aujourd’hui par une dimension multiculturelle très forte, dans la mesure où quelques 170 nationalités y vivent (STATEC 2019 : 5). Cette véritable explosion démographique implique des politiques de restructuration et de développement urbain inportants, notamment sur le plan de l’offre en logements et de surfaces de bureau, qui s’accompagnent notamment d’une augmentation progressive du prix du foncier et de l’immoblier (L’observatoire de l’habitat 2017), et de processus de gentrification dans certains quartiers. Si en vielle ville, le patrimoine historique cohabite avec des réalisations architecturales contemporaines, le plateau du Kirchberg, en pleine expansion depuis les années 1980, est composé avant tout d’imposantes réalisations architecturales modernes, accueillants les institutions européenes, le quartier des banques, mais aussi des centres de loisirs et des musées. Luxembourg-ville ne néglige pas pour autant ses espaces verts, au contraire ; la moitié du territoire communal en est constitué, à raison de 30% de forêts et 20% de parcs (Ville de Luxembourg 2017).
Les étudiant.e.s ont choisi de s’emparer de ces questions à partir des thématiques suivantes : les jardins communautaires, la marchabilité des espaces urbains en transformations, la (re)-construction de l’identité luxembourgeoise et la réhabilitation d’une friche industrielle.
Pour les étudiants, l’exercice de terrain se déroule en trois phases :
- Durant les semaines qui précèdent le terrain, les étudiant.e.s – en groupe de quatre à cinq – approfondissent une problématique en lien avec le sujet proposé et définissent les méthodes qu’ils mobiliseront afin de collecter le matériel nécessaire à leur analyse. Ils prennent également soin de préparer le travail de terrain en prenant contact des interlocuteurs pertinents.
- La semaine de terrain est consacrée à la mise en œuvre de ces méthodes, exclusivement qualitatives (entretiens semi-directifs, observation participante ou non participante, parcours commentés, etc.). Durant cette semaine, les groupes s'organisent pour réaliser leur recherche dans les temps impartis, avec les contacts préalablement établis et ceux qu’ils parviennent à établir spontanément sur place.
- A leur retour en Suisse, les étudiant.e.s analysent le matériel récolté, présentent leurs résultats en classe et rédigent un travail de recherche
Bibliographie :
GaWC (2018), The World According to GaWC (2018), [En ligne], https://www.lboro.ac.uk/gawc/world2018t.html, consulté le 16 juillet 2019.
L’Observatoire de l’habitat (2017), Prix de vente et loyers de l’immobilier résidentiel au grand-duché de Luxembourg, Document de synthèse pour la Semaine Nationale du Logement 2017 : Prix de vente et loyers de l'immobilier résidentiel au Grand-Duché de Luxembourg, [En Ligne] http://observatoire.liser.lu/pdfs/DossierThematique_OBS_2017.pdf, consulté le 18 juillet 2018.
STATEC (2019), Atlas démographique du Luxembourg, vol. II, Institut national de la statistique et des études économiques, Luxembourg-Kirchberg, 73 p.
Ville de Luxembourg (2017), Rapport d’activité, Service du patrimoine, [En Ligne] https://www.vdl.lu/sites/default/files/media/document/Patrimoine%20naturel%20-%20rapport%20d%27activité%202017.pdf, consulté le 18 juillet.
Z/Yen and China Development Institute (CDI) (2018), “The Global Financial Centres Index 24, September 2018”, 12 September 2018
Loïc Brüning et Marc Winz