Fermer
bandeau2.jpg

Biographie

biographie d'Edith Boissonnas

Edith Alice Marie Roethlisberger est née le 24 avril 1904 à Baden, deuxième enfant du couple que forment Paul-Ulrich Roethlisberger, docteur en médecine, et Alice Marie Blancpain, institutrice. La famille emménage à Genève en décembre 1908, où Edith effectue toute sa scolarité jusqu'au Collège, qu'elle interrompt, en octobre 1922, pour suivre ses parents en Espagne. Elle ne revient en Suisse, fin 1923, que pour repartir, en direction de l'Angleterre, cette fois-ci, où elle passera, en août 1924, son examen pour le Certificate of Proficiency.

Comme ses parents ont acheté le Château et le domaine viticole de la Millière à Sanary-sur-Mer, dans le département du Var, Edith vit entre l'exploitation parentale et Genève, où habitent encore sa soeur Yvonne et son mari. A Genève, elle renoue des liens avec des amis de jeunesse, parmi lesquels May Boissonnas et son frère, Charles, qu'elle fréquente tout particulièrement. Le mariage de Charles et Edith est célébré le 9 juillet 1927, à Carouge. Docteur ès sciences chimiques et physiques à l'Université de Genève, Charles obtient une bourse de Research Fellow à Harvard et les jeunes mariés embarquent pour les Etats-Unis.

La santé déjà fragile d'Edith pâtit de leurs nouvelles conditions de vie et du système de chauffage défectueux de leur habitation ; le couple n'attend plus que l'occasion de revenir sur le vieux continent. Près de six années de maladie, entrecoupées de quelques phases d'amélioration, contraignent Edith à occuper ses temps de convalescence par la lecture, mais surtout par l'écriture. Si elle semble toujours avoir rempli de récits divers les espaces libres de ses cahiers d'écolière, c'est vraisemblablement dans ces périodes de longues maladies que s'est affirmée son envie d'écriture, sa vocation littéraire.

Remise de cette longue période de maladie, Edith cherche effectivement à se faire publier. Mise en contact avec la Nouvelle Revue française, par l'intermédiaire de Léon Bopp, notamment, Edith réitère les lettres et les envois de poèmes vers Jean Paulhan, dès 1938. De passage à Paris, elle rencontre alors le directeur de la NRF, lequel l'introduit auprès du Collège de Sociologie et publie son poème, « Les Civilisations », dans Mesures, en avril 1939.

La guerre est une période particulièrement pénible pour Edith, contrainte de demeurer en Suisse, faute de posséder un passeport français, loin de sa famille, restée à Sanary-sur-Mer, et de ses nouveaux amis parisiens. De plus, elle doit s'acclimater à un nouvel environnement en accompagnant Charles qui a été nommé à la chaire de chimie physique de l'Université de Neuchâtel en 1940. Mais c'est surtout la censure et l'esprit de neutralité de la Suisse et des Suisses qui l'exaspèrent le plus.
Edith n'attend que la fin de la guerre pour rejoindre Paris. En juillet 1945, Jean et Germaine Paulhan rendent visite aux Boissonnas. Edith et Jean travaillent au choix des poèmes qui formeront son tout premier recueil, Paysage cruel, qui paraîtra finalement en 1946. Leur liaison prend naissance à cette époque.

Enfin à Paris, Edith fait la rencontre de Jean Dubuffet, avec qui elle se liera d'amitié et participera à l'aventure de l'Art brut, dont il est l'une des têtes de liste. A l'été 1954, elle partage également l'expérience de la mescaline avec Jean Paulhan et Henri Michaux, dont elle rendra compte dans un numéro de la NRF. Avec ses six recueils de poèmes, Paysage cruel (1946), Demeures (1950), Le Grand Jour (1955), L'Embellie (1966), pour lequel elle reçoit le Prix Max-Jacob, Initiales (1971) et Etude (1980), et publiant régulièrement des poèmes, des textes en prose, des essais et des critiques d'art, Edith Boissonnas s'affirme comme l'un des auteurs phares de La Nouvelle NRF.

Refusant les approches strictement identitaires de ses écrits - sa nationalité suisse, son sexe -, Edith Boissonnas livre une oeuvre où circulent les questions d'identité, par son ambiguïté lyrique autour de l'identité sexuelle, mais aussi quand elle tente d'explorer, dans l'intériorité du sujet lyrique, le monstre tenu en état de secret, qui figure la présence du sacré dans la vie quotidienne. La tauromachie, pour laquelle elle partage avec Michel Leiris, Georges Bataille et Jean Paulhan une forte passion, figure aussi bien le passage du sacré que la démesure de l'homme, monstre d'instincts pour Boissonnas.

Edith Boissonnas décède le 9 octobre 1989, peu après son mari, disparu le 8 novembre 1987.