Communiqué
les racines africaines de la gentiane
Neuchâtel, le 20 septembre 2007. Intégration réussie pour la gentiane, qui est aujourd'hui l'icône du beurre helvétique ainsi qu'une composante du fameux digestif qui porte son nom. Les grandes soeurs de nos gentianes alpines sont nées en Afrique, il y a quelque 50 millions d'années. Doctorant de l'Université de Neuchâtel, Jonathan Kissling a reconstruit l'arbre généalogique d'un groupe méconnu de Gentianacées, les Sebaea. De nombreuses expéditions en Afrique lui ont permis de retracer l'évolution tant morphologique que biogéographique de ce groupe. Il présentera sa thèse le 28 septembre prochain à 17h30 à la Faculté des sciences.
La famille des Gentianacées, bien connue en Suisse par ses nombreux représentants, entre autre la gentiane jaune, qui donne le fameux digestif amer, ou encore la gentiane acaule - qui illustre l'emballage du beurre de votre petit-déjeuner - ne se rencontre pas seulement dans notre pays. Il s'agit d'une famille cosmopolite, distribuée dans le monde entier. A la base de la phylogénie de cette famille, on retrouve un petit groupe de Gentianacées, distribué principalement en Afrique continentale et à Madagascar : le genre Sebaea.
Ce genre de Gentianacées très peu connu - la dernière étude datant d'il y a plus d'un siècle - est composé de jolies petites fleurs jaunes ou blanches, contrastant singulièrement avec le bleu de nos Gentianes alpines. Il recèle aussi plusieurs particularités. Citons, par exemple, les remarquables stigmates secondaires présents chez une partie de ces représentants et qui ne se retrouvent nulle part ailleurs chez les Angiospermes (l'ensemble des plantes à fleurs), ou encore la présence d'impressionnantes glandes sur le sommet des anthères.
Afin de mieux comprendre les relations généalogiques et l'évolution morphologique de certains caractères de ce groupe de plantes, plusieurs missions de collecte ont été organisées en Afrique Australe et Centrale, de l'Afrique du Sud, à la Zambie, en passant par le Lesotho, la Namibie, le Botswana, ou encore le Zimbabwe. Ainsi, suffisamment de matériel a pu être amassé et des études moléculaires, cytologiques, et morphologiques ont été entreprises.
Après la reconstruction de l'arbre généalogique du groupe, le genre Sebaea s'est révélé être hétérogène, il a ainsi dû être divisé en plusieurs genres. Un nouveau genre, comprenant deux espèces, a ainsi été « redécouvert ».
De plus, en utilisant une horloge moléculaire, l'origine du groupe a pu être estimée à environ 50 millions d'années. Il y a environ 30 million d'années, alors que le climat africain se modifiait, avec l'instauration d'un climat de type méditerranéen en Afrique du Sud, l'ancêtre commun du groupe a divergé pour la première fois, donnant ainsi naissance à deux « lignées » différentes. Cette première diversification a été suivie de plusieurs autres, correspondant en général à des changements paléoclimatiques importants.
Dans sa thèse, Jonathan Kissling présente également plusieurs hypothèses concernant la fonction des diverses particularités morphologiques du groupe étudié.
Histoire évolutive du genre africain Sebaea (Gentianaceae), et ses conséquences biogéographiques et taxonomiques
Thèse présentée par Jonathan Kissling le 28 septembre 2007 à l'Auditoire Louis-Guillaume, UNIMAIL, à 17h30
Contact
Jonathan Kissling
Laboratoire de botanique évolutive
Université de Neuchâtel
Rue Emile-Argand 11
2009 Neuchâtel
Tél.: 032 718 23 60
jonathan.kissling@unine.ch