Communiqué

des outils pour inciter la recherche à s'intéresser aux maladies négligées

Neuchâtel, le 18 octobre 2010.  Comment inciter la recherche biomédicale et pharmaceutique en Suisse à lutter contre les maladies négligées (Chagas, Dengue, cécité des rivières) ? Une chercheuse de l'Institut de droit de la santé de l'Université de Neuchâtel fait le tour de la question dans un ouvrage tout juste sorti de presse.

Difficile de soigner une personne atteinte de cécité des rivières ou de chagas. Les médicaments sont rares et très peu d'efforts sont entrepris pour en développer de nouveaux. Comment activer la recherche et le développement pour ces maladies qualifiées de négligées, car circonscrites aux zones les plus pauvres du globe et pour lesquelles il n'existe que très peu de recherche et développement et donc de produits pharmaceutiques ?

Sous la direction des Professeurs Daniel Kraus et Olivier Guillod, cette question, Beatrice Stirner l'a examinée sous tous les angles, dans le cadre d'un projet financé par le FNS. Pendant près de trois ans, cette juriste spécialisée dans le domaine de la propriété intellectuelle a mené à l'Institut de droit de la santé de l'Université de Neuchâtel (ISD) une enquête extrêmement détaillée sur les moyens de promouvoir l'innovation dans le secteur pharmaceutique, afin d'aider les populations les plus pauvres touchées par les maladies négligées. Son livre, tout juste sorti de presse au mois de septembre dernier, livre le résultat de sa recherche.

Premier constat : les partenariats publics-privés (large éventail d'organisations à but non lucratif au bénéfice d'un financement public, privé ou à la fois public et privé) offrent un magnifique bras de levier. « Notre recherche a montré qu'il est très difficile d'inciter une entreprise pharmaceutique à se lancer toute seule dans le développement d'un produit actif contre une maladie négligée. Par contre, la majeure partie de ces entreprises sont prêtes à collaborer, du moment qu'un organisme compétent se charge d'entreprendre la recherche à proprement parler. » A l'heure actuelle, plusieurs exemples de collaborations fructueuses existent déjà, où une grande entreprise pharmaceutique ou biomédicale met à la disposition d'un organisme à but non lucratif (ONG) des données confidentielles sur des composés chimiques qu'elle a étudiés. Aussi, plutôt que de « réinventer à chaque fois la roue », Beatrice Stirner propose-t-elle « de renforcer ce qui se fait déjà ».

Son livre ne s'arrête pas aux partenariats publics-privés, mais explore d'autres voies envisageables, comme la création d'un fonds commun de brevets en recherche et développement sur les maladies négligées. « Une sorte de magasin dans lequel les entreprises mettraient leurs brevets à la disposition des gens intéressés à travailler sur les maladies négligées, comme l'explique la chercheuse de l'Université de Neuchâtel. Cela permettrait de profiter des avancées scientifiques en diminuant le nombre de démarches et de négociations. »

Pour étayer les solutions esquissées dans la deuxième partie de son ouvrage, la juriste s'appuie sur les nombreux entretiens qu'elle a effectués avec des représentants de l'industrie pharmaceutique suisse et internationale, des partenaires de développement privés-publics, des organisations non gouvernementales et des agences gouvernementales. Elle analyse le rôle de la Suisse en regardant notamment comment un pays aussi fort en recherche biomédicale pourrait mieux servir la cause des maladies négligées. La première partie du livre examine quant à elle le contexte socio-économique et légal récent dans le domaine des maladies négligées.

Ecrit en anglais, l'ouvrage est accessible à toute personne travaillant de près ou de loin dans le domaine de l'innovation médicale pour les pays en développement et soucieux d'assurer l'accès aux médicaments dans ces pays. Il s'adresse notamment aux organisations, gouvernementales ou non, aux collaboratrices et collaborateurs des organisations internationales actives dans le domaine de la santé publique et de l'innovation (OMS, UNITAID, Global Fund, OMC, OMPI etc), aux PPP, ainsi qu'aux membres des délégations auprès de ces organisations, qui trouveront là de précieux renseignements.

Le livre peut être commandé à l'adresse http://www.publications-droit.ch/.

Beatrice Stirner, Research and development of pharmaceutical products for neglected diseases : legal means for stimulation in Switzerland, IDS, 2010 ISBN 978-2-940400-21-8

Contact

Daniel Kraus
professeur à la Faculté de droit 
Tél. 032 718 12 52 / 078 707 46 64
daniel.kraus@unine.ch

Beatrice Stirner
collaboratrice scientifique à l'Institut de droit de la santé 
Tél. 032 718 12 64
beatrice.stirner@unine.ch