Communiqué de presse

Football et identités : les sentiments d'appartenance en question

Neuchâtel, le 14 juin 2005. Dans un ouvrage collectif publié aux éditions du Centre international d'étude du sport de l'Université de Neuchâtel, six auteurs provenant de trois horizons disciplinaires (ethnologie, géographie, sociologie) examinent le rôle joué par le football dans l'expression identitaire au travers d'exemples essentiellement européens et latino-américains, mais aussi africains et asiatiques. Au-delà des variations géo-historiques, l'utilisation de la pratique pour la (re)production d'une identité s'impose comme une constante anthropologique.

Raffaele Poli, géographe, interroge le lien implicitement admis entre territoires et processus de construction identitaire. A travers différents exemples, il montre que si le football contribue à (re)produire des identités géographiquement situées, il participe également aux processus de déterritorialisation et de reterritorialisation en cours dans le monde contemporain.

Christian Bromberger invite à parcourir les enjeux sous-jacents aux rivalités entre clubs de football dans les principales villes européennes, ainsi qu'en Iran. Il montre à quel point le « narcissisme des petites différences » est à l'oeuvre dans le football, une pratique qui selon lui constitue un moyen commode de classer le monde social.

Eduardo Archetti centre son analyse sur le football en Amérique latine, en étudiant le rôle du football dans le processus de construction d'une identité nationale dans différents pays, au Brésil et en Argentine notamment. Il analyse les trajectoires de vie de deux joueurs considérés comme archétypiques du style de jeu valorisé dans ces deux Etats : Garrincha et Maradona.
 
Loïc Ravenel examine le rôle joué par la presse dans la construction d'identités territoriales dans le football. Par l'analyse du discours médiatique, à travers différents exemples tirés du cas français, il montre comment, dans un contexte de perte des identités territoriales, celles-ci peuvent trouver une nouvelle cristallisation dans le football. La rhétorique sportive cherche en effet à conserver des images indispensables à la chronique du jeu.
 
Patrick Mignon analyse l'émergence d'une culture du supportérisme à Paris, un phénomène qui est beaucoup plus récent que dans la plupart des métropoles européennes. Cette culture, profondément influencée par le modèle britannique dans sa phase initiale, se rapproche aujourd'hui du modèle italien, un style permettant de pallier l'absence de "culture spontanée" du football.

Thierry Wendling montre à quel point la notion de « fait social total » contribue à la réification d'un niveau particulier de relations et de sentiments sociaux considéré comme englobant. Pour sauver la notion d'un naufrage épistémologique, il propose de l'envisager comme un concept à dimension variable, devant être rapporté à un groupe social spécifique ne prenant corps qu'à l'occasion d'un événement particulier, tel qu'une compétition sportive internationale.

Football et identités : les sentiments d'appartenance en question
Dirigé par Raffaele Poli, Editions du CIES, 2005, 138 pages
Renseignements :
raffaele.poli@unine.ch ; tél.: 032 718 3900