Communiqué de presse

Un pas scientifique vers la sauvegarde des platanes

Neuchâtel, le 4 novembre 2005. Depuis quelques dizaine d'années, un champignon particulièrement agressif venu des Etats-Unis s'attaque aux platanes. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, un chimiste neuchâtelois a mis au point un système de dépistage moléculaire visant à éviter d'éradiquer des arbres sains.

Comme souvent, un champignon particulièrement nocif porte un nom qui chante... l'ascomycète est en effet l'ennemi juré des plantations européennes. Il est l'agent de la maladie dite du Chancre coloré qui sévit actuellement dans toute l'Italie, le sud de la Suisse et le sud-est de la France (avec un front avancé dans la région lyonnaise). Quelques spores introduites dans une blessure minime provoquent une infection qui, irrémédiablement, va tuer un beau platane en 4 à 6 ans selon la localisation de la contamination. Tous les essais de traitement chimique ont échoué à cause de la localisation très interne du parasite, hors d'atteinte même des fongicides dits systémiques (véhiculés par la sève).

En Suisse, le pathogène de cette grave infection vasculaire, mortelle pour le platane, a été identifié pour la première fois au Tessin en 1983. Depuis lors, la maladie s'est propagée au nord des Alpes dans le canton de Genève.

De son nom scientifique « Ceratocystis fimbriata », le champignon figure sur la liste des organismes de quarantaine dans tout les pays d'Europe. Seul l'abatage des arbres infectés sous la surveillance de spécialistes permet actuellement de lutter contre la propagation de l'infection. Face à une alerte croissante et devant l'état sanitaire de plus en plus dégradé des platanes des villes et des routes, des recherches ont été entreprises pour la mise au point d'une méthode de détection analytique permettant de mieux cerner l'étendue des contaminations et d'éviter d'abattre les platanes non infectés.

Dans le cadre de sa thèse de doctorat, le chimiste Mustapha Tiouabi a permis de confirmer la structure moléculaires des faibles substances chimiques sécrétées par l'ascomycète ; il est également parvenu à produire, par des moyens de synthèse, ces molécules nuisibles en quantité suffisante pour pouvoir effectuer des tests in vitro qui devraient, dans un avenir proche, aider les biologistes à sauvegarder les arbres sains.


La présentation publique de thèse de doctorat de Mustapha Tiouabi aura lieu jeudi 10 novembre à 17h15 au Grand auditoire de l'Institut de chimie, Av. Bellevaux à Neuchâtel.

Renseignements :
mustapha.tiouabi@unine.ch