Communiqué de presse

La Société des Nations soumise au regard du 21e siècle

Neuchâtel, le 18 janvier 2006. La Société des Nations (SdN), introduite par le traité de Versailles en 1919, est immortalisée dans nos esprits comme l'exemple parfait de l'incapacité d'une institution internationale à assurer la paix. A l'heure de la globalisation et du rôle croissant joué par les grandes organisations de l'ordre mondial, il n'est pas sans importance de soumettre la SdN à un nouveau regard, qui tienne compte des outils conceptuels modernes de l'analyse institutionnelle. Ce sera le cas au cours de la soutenance de thèse de Michel Fior qui aura lieu vendredi.

La thèse de l'historien biennois Michel Fior surmonte le débat classique de l'échec ou de la réussite des institutions internationales à générer un output positif, pour l'inscrire dans une autre problématique : la gouvernance globale du capitalisme dans la longue durée. Elle montre ainsi l'importance que la Société des Nations (SdN) a revêtue au lendemain de la première guerre mondiale dans la reconstruction d'un ordre international libéral. Sur le plan monétaire en particulier, cet ancêtre de l'ONU s'est trouvé au premier plan de la réhabilitation d'un système international propice à la circulation des capitaux. Active en Europe centrale avant tout, la SdN a préconisé des plans d'ajustement structurel qui préfigurent les programmes du FMI dans les pays d'Amérique latine ou de l'ancien bloc soviétique. La reconstruction était ainsi synonyme de libéralisation des systèmes financiers et de réduction du rôle de l'Etat, sur fond de politiques monétaires et budgétaires particulièrement austères.

Au terme de cette recherche, la SdN s'avère beaucoup plus significative qu'on ne l'admet généralement. Par sa politique d'austérité et de libéralisation, elle a clairement contribué au déclenchement de la crise économique européenne dès le début des années trente.

Michel Fior, actuellement chargé de cours à l'Université de Fribourg, est né à Bienne où il a obtenu sa maturité fédérale. Licencié es lettres de l'Université de Neuchâtel en 1997, il a notamment été visiting fellow à York University Toronto (2003-2004).

Soutenance publique de doctorat : « Institution globale, transition et pouvoir. La Société des Nations et la reconstruction de l'Europe (1918-1931) ».