Communiqué de presse

Sus à l'eau contaminée !

Neuchâtel, le 27 novembre 2006. L'approvisionnement en eau potable de la ville d'Yverdon-les-Bains provient en grande partie d'une source karstique. C'est à cet endroit que des chercheurs de l'Université de Neuchâtel ont installé leur terrain d'étude. Leur trouvaille : une méthode rapide et efficace pour évaluer la qualité bactériologique de l'eau. 

Dans le monde et par année, l'Organisation mondiale de la Santé estime à 4 milliards le nombre de maladies dues à la diarrhée et fixe entre 3 et 4 millions de nombre de personnes qui succombent à cette affection. Bien souvent, une contamination fécale de l'eau potable se trouve à l'origine de cette calamité. Loin d'être aussi dramatique, la situation dans notre pays vaut la peine d'être gérée convenablement en améliorant continuellement les méthodes de surveillance.

Les systèmes karstiques (terrains des pays calcaires percés de galeries creusées par la dissolution des roches) sont particulièrement exposés aux contaminations fécales. Un point faible qui peut dégénérer, si l'on tient compte des nombreuses sources qui prennent naissance en ces lieux.

Les chercheurs Michiel Pronk et Dr Nico Goldscheider, du Centre d'Hydrogéologie de l'Université de Neuchâtel (CHYN), aidé de leur collègue Dr Jakob Zopfi, du Laboratoire de Microbiologie de l'Université de Neuchâtel (LAMUN), traquent ces micro-organismes fauteurs de troubles. Ils ont besoin pour cela d'identifier des paramètres du système faciles à mesurer, et qui permettent néanmoins d'évaluer rapidement et de manière fiable la qualité de l'eau.

Dur labeur ! L'analyse microbiologique en laboratoire prend tout d'abord un temps considérable. De plus, la qualité bactériologique de l'eau peut changer rapidement, en quelques heures à peine. Or, adopter un rythme de suivi basé sur des analyses quotidiennes coûte beaucoup trop cher.

C'est à partir de cette problématique que les chercheurs ont lancé en octobre 2004 un projet financé par le Fonds national suisse. Conçue sur une durée de quatre ans, cette étude a déjà livré d'encourageants résultats.

La Ville d'Yverdon-les-Bains, près de laquelle se déroule le projet, n'a pas perdu de temps pour modifier en conséquence son suivi de la qualité des eaux. Il est vrai que près du tiers de son approvisionnement en eau potable provient d'une source karstique !

L'innovation principale de la méthode consiste à concentrer l'attention sur les particules en suspension dans l'eau, en particulier les très fines, de l'ordre du micron, et sur la concentration du carbone organique. L'analyse de ces deux paramètres s'est révélée le moyen le plus efficace pour déceler la présence de micro-organismes indésirables.

Au passage, cette étude est une des premières à caractériser les communautés de micro-organismes qui vivent en eaux souterraines. La loi suisse présente en effet la particularité de protéger l'ensemble des ressources en eaux, qu'elles soient à l'air libre ou dans le sol, non seulement sous leur aspect potable, mais aussi en tant qu'écosystèmes. Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, les micro-organismes forment des communautés au même titre que les habitants des milieux humides ou forestiers, par exemple. Et si certains micro-organismes posent problèmes, nombre d'entre eux sont essentiels au bon fonctionnement des systèmes vivants.

Contact

Dr Nico Goldscheider
chercheur au CHYN
Tél. 032 718 26 45


Michiel Pronk
doctorant au CHYN
Tél. 032 718 26 65


Jakob Zopfi
chercheur au LAMUN
Tél. 032 718 22 60


Secrétariat du CHYN
Tél. 032 718 26 02