La surcharge informationnelle et communicationnelle, parlons-en ! (1/2)

23.11.2021 | Vie sur le campus | Alyzée Haahtio, Com'meet

 

UNINE_BLOG-surchage2.pngDe nos jours, le monde tant académique que professionnel devient nettement plus flexible, connecté et collaboratif. Peut-être même étouffant ?

 


Les nouvelles technologies numériques modifient profondément la relation entre l’étudiant-e, ses pairs, son lieu de travail et ses tâches. Les appareils mobiles, par leur utilisation autonome et immédiate, deviennent un élément essentiel pour se réaliser dans ce nouveau monde connecté. C’est ainsi, qu’il semble légitime de se questionner sur les répercussions engendrées par les moyens de communication digitaux actuels sur la manière de penser nos études.

 

Un point définition 

Qu’est-ce donc une surcharge « informationnelle » ou « communicationnelle » ?

Selon l’article d’Isaac, Campoy et de Kalika (2007), la surcharge informationnelle peut se définir comme un « volume d’informations trop conséquent à traiter pour prendre la meilleure décision ». Ainsi, si la charge d’informations optimale est dépassée, il s’ensuit une dégradation dans le processus de décision. 

La surcharge communicationnelle, quant à elle, « fait référence aux difficultés résultant de la croissance des sollicitations de la part des collègues, membres de la famille, amis avec une exigence de disponibilité immédiate » (Denis J. & Assadi H., 2005).

On comprend alors que la personne est, en ce sens, incitée à endosser une posture de communication permanente afin d’avoir la possibilité de répondre aux sollicitations et demandes d’informations de ses pairs. Cependant, cela peut avoir des répercussions dans nos décisions, notre état d’esprit, notre concentration, etc. Voyons cela de plus près.

 

Des conséquences à cela ?

Il y en a. Des bonnes. Des moins bonnes…

 

Tension et stress

À vouloir être disponible en tout temps, nos smartphones deviennent le principal régulateur de notre rythme de travail. En effet, ils peuvent rapidement devenir des outils permettant d’augmenter notre implication, que ce soit pour un travail de groupe, une association, un problème scolaire d’un-e ami-e, etc. Une conséquence évidente ?  Pas facile à discerner forcément, mais un état permanent de tension s’accompagne souvent d’une surcharge informationnelle et communicationnelle. A ce stade, on peut donc saisir que cela peut accroître notre stress et être néfaste tant pour notre santé mentale que pour notre productivité. 

En outre, les technologies actuelles sont à l’origine de nombreuses répercussions dans nos tâches quotidiennes. Effectivement, elles réduisent les temps de traitement et de réponses, poussent à une disponibilité permanente en tous lieux et exigent une maximisation du temps. Nous voyons donc apparaître la volonté d’accélérer et de maîtriser le temps (Isaac H., Campoy E. & Kalika M., 2007). De là, jaillit ce que l’on peut appeler une compression temporelle : tout se fait dans l’urgence.

 

Disponibilité et ubiquité

Il faut noter également que la disponibilité et l’instantanéité de l'information amènent à une même obligation de disponibilité de la part de l’étudiant-e. En effet, si un message apparaît sur mon écran au sujet d’un travail de groupe un dimanche à midi alors que Papy sort sa tarte du four, il ne faut que 30 secondes pour y répondre… alors pourquoi pas ? 

De ce fait, si la surcharge est trop importante, alors la maîtrise des temps personnels peut devenir délicate. En effet, on assiste à une perpétuelle recomposition et un enchevêtrement constant des temps sociaux. Cette « ubiquité », que l’on peut définir comme le sentiment d’être partout à la fois, ne peut qu’aggraver le sentiment d’urgence ressenti par l’étudiant-e, qui doit penser « études » où qu’il soit. Un exemple : je vais tranquillement au lit (il est déjà tard, j’ai beaucoup travaillé) et reçois un mail du prof A, concernant l’exercice X qui détient une faute grave à la page S, il faut donc noter que cette erreur est à corriger dans notre rendu Z pour la date du Y, bref… adieu ma bonne nuit de sommeil.

 

Concentration et productivité

Un dernier point semble essentiel à mettre en avant : que dire de notre concentration quand des messages, mails ou appels surviennent toutes les cinq minutes ? Eh bien, il devient facile (trop facile) de se désengager de la tâche du moment pour regarder le message reçu, ce qui peut au final s’avérer disruptif et pénalisant (Boboc A., 2005).

Comme dit précédemment, la gestion des technologies actuelles peut devenir fastidieuse et peut également augmenter notre stress pendant la réalisation d’une tâche, qui peut, elle, être importante contrairement au Xième message de Jean-Paul qui n’a pas compris comment téléverser son devoir sur Moodle. 

En somme, cette rapidité provenant de l’utilisation des technologies de communication oriente vers une plus grande réactivité, qui est sans cesse demandée de nos jours, mais cela peut se faire au dépend de notre productivité. 

 

Conclusion

Décèlerait-on aujourd’hui une évidente injonction à communiquer ? C’est ce que cet article souhaite questionner afin de, qui sait, faire réfléchir quant à notre utilisation numérique. 

Sur une note plus positive, il n’en reste pas moins que des avantages sont à tirer de ces moyens de communication, notamment lorsqu’il s’agit de coordination, pour autant qu’on sache gérer sa disponibilité. Ainsi, des portées positives sont aussi à mettre en exergue lorsque les outils de communication sont utilisés à des fins académiques et personnelles.

 

Références

Boboc, A. (2005). Le point sur la messagerie instantanée : Solutions grand public (im)  et solutions d'entreprise (eim). Réseaux, 134(6), 223-261.

Chaumon, M. E. B., Cuvillier, B., Sarnin, P., & Vacherand-Revel, J. (2013). Le  développement de l'expérience professionnelle des cadres dans un environnement  médiatisé. Éducation permanente, 197(4), 61-70.

Denis, J., & Assadi, H. (2005). Les usages de l'e-mail en entreprise. Efficacité dans le  travail ou surcharge informationnelle ? In Kessous, E. et Metzger, J.-L. (éds.), Le travail  avec les technologies de l'information (pp. 135-155). Paris : Hermès.

Denis, J., & Licoppe, C. (2006). La coprésence équipée. Usages de la messagerie  instantanée en entreprise. In Bidet, A., et al. Sociologie du travail et activité (pp. 47- 65). Toulouse : Octares.

Isaac, H., Campoy, E. & Kalika, M. (2007). Surcharge informationnelle, urgence et TIC.  L’effet temporel des technologies de l'information. Management & Avenir, 13(3), 149- 168.

Le Douarin, L. (2007). L’usage des TIC dans l’articulation vie privée et vie  professionnelle : vers un nouvel équilibre. Atelier, 5, 142-149.

 


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Biographie

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Alyzée Haahtio
Étudiante en Bachelor en sciences de l’information et de la communication, sociologie et philosophie

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