Ouvrage publié en 2013

Les parcours migratoires des jeunes diplômés jurassiens

Patrick Rérat

Quelque 40% des diplômés universitaires et 51.6% des diplômés des hautes écoles spécialisées (HES) qui ont obtenu leur titre entre 2000 et 2010 vivent dans le Jura. C’est ce que révèle une étude menée par Patrick Rérat, chercheur de l’Université de Neuchâtel. Cette étude décrypte les raisons de leur retour ainsi que les raisons qui ont motivé d’autres diplômés à s’installer dans une autre région. Cette étude révèle aussi que quel que soit leur choix, les jeunes diplômés manifestent un fort sentiment d’appartenance à leur canton d’origine.

Parcours migratoires des jeunes diplômés jurassiens


Que deviennent les jeunes diplômés jurassiens des hautes écoles une fois leur formation terminée? Combien d’entre eux retournent dans leur région d’origine? Qui sont les diplômés qui reviennent? Quel est le profil de ceux qui s’installent dans une autre région? Quels critères ont-ils pris en considération dans leur décision? Telles sont les principales questions auxquelles a répondu une recherche menée par Patrick Rérat de l’Université de Neuchâtel et soutenue par le Canton du Jura, la Confédération et la FARB.


La mobilité des jeunes diplômés renvoie à d’importants enjeux en termes de développement régional et se trouve au cœur des préoccupations de nombreuses collectivités territoriales. Cette recherche s’est intéressée aux différentes dimensions des parcours migratoires des diplômés des hautes écoles et en propose une analyse approfondie sur la base d’entretiens et d’une enquête par questionnaire à laquelle ont participé plus de 900 diplômés jurassien-ne-s.


L’étude montre que les flux migratoires sont en premier lieu orientés vers certaines zones urbaines comme les villes de Lausanne et de Neuchâtel et leur région. Un nombre non négligeable de migrations de retour est néanmoins constaté. En effet, 40% des diplômés universitaires et 51.6% des diplômés des hautes écoles spécialisées (HES) qui ont obtenu leur titre entre 2000 et 2010 vivent dans le Jura.


L’enquête a également révélé que la tendance au retour diffère selon les caractéristiques des diplômés. C’est le cas du domaine d’activité, phénomène qui reflète la surreprésentation de certaines branches dans la structure économique régionale (l’enseignement par exemple) et la rareté d’autres débouchés. D’autres variables exercent une influence tout aussi voire plus importante. Les caractéristiques du/de la partenaire (son origine et son niveau d’éducation), le type de ménage ainsi que le niveau d’éducation et l’histoire migratoire des parents influencent clairement la tendance à revenir ou non dans le Jura.
Les questions professionnelles constituent un facteur central dans les migrations des jeunes diplômés et ceci d’autant plus que la majorité des couples se composent de deux partenaires disposant d’un titre d’une haute école. Il serait toutefois erroné de réduire la mobilité des jeunes diplômés à ces seules questions.


Les critères liés à la vie sociale (partenaire, cercle d’amis, famille, attachement à la région) sont particulièrement importants notamment dans les migrations de retour. Pour les personnes s’étant installées ailleurs, l’intégration sociale, avec l’intégration professionnelle, représente un obstacle croissant à un retour dans la région d’origine.


L’impact du cadre de vie est également à relever. Les personnes s’étant installées dans le Jura tendent à valoriser le cadre de vie rural. Pour les diplômés vivant ailleurs, le choix a lui aussi été grandement influencé par des aspects liés à un contexte résidentiel plus urbain (volonté de changement, offre culturelle et de loisirs, etc.).


A l’inverse, les facteurs d’ordre strictement économique et financier (tels que la fiscalité) ne jouent qu’un rôle négligeable au moment de la prise de décision.


Une présentation de l’étude a eu lieu en présence des membres du Gouvernement jurassien et des chefs des principaux services concernés par la problématique. Si cette étude n’avait pas pour objectif de livrer des recommandations, elle propose un diagnostic des différentes dimensions des parcours migratoires des jeunes diplômés jurassiens. Elle permet ainsi d’identifier avec plus d’exactitude les axes (perspectives professionnelles, cadre de vie, etc.) sur lesquels il est possible d’agir pour favoriser le retour dans le Jura de ces personnes hautement qualifiées afin qu’elles participent à l’essor du canton. Cette étude incite également à considérer les ressortissants installés hors des frontières cantonales comme des ressources. Le fort sentiment d’appartenance des jeunes diplômés à leur région d’origine doit ainsi permettre d’instituer un réseau de Jurassiens établi-e-s à l’extérieur du canton (diaspora), afin de s’assurer l’accès à leurs compétences en priorité à des fins de développement régional.

 

Infos

Le livre Après le diplôme. Les parcours migratoires au sortir des hautes écoles a été publié aux Editions Alphil-Presses universitaires suisses (www.alphil.ch).
La recherche a reçu le soutien de la Fondation Anne et Robert Bloch pour la promotion de la création culturelle dans le Jura (FARB), de la République et Canton du Jura, de la Confédération et de l’Université de Neuchâtel.