La vie après UniNE

« Il faut se laisser la chance de changer d’avis »

Julienne Farine, journaliste à Lausanne

C’est en 2008 que Julienne Farine a obtenu une Licence* en lettres et sciences humaines, avec pour spécialisations le journalisme, l’anglais et les sciences politiques. Elle est aujourd’hui journaliste à 20 Minutes, attachée à la rubrique divertissement / people. 

En quoi consiste votre travail ?

Pour une bonne partie, en la recherche d’infos, via le web et les réseaux sociaux, notamment les comptes des « people » ! Cela représente un gros travail de sélection de l’information, de synthèse, de traduction, à partir de l’anglais ou de l’allemand, puis de mise en forme. Une autre partie de mon travail se passe sur le terrain. Je participe à des conférences de presse, par exemple à Paris, je réalise des interviews. Mes articles sont publiés aussi bien dans le 20 Minutes papier que sur la plate-forme web 20minutes.ch.

C’est un job assez autonome, qui m’offre pas mal de liberté. Il faut avoir à l’esprit que notre public est différent du lectorat traditionnel. Ce sont essentiellement des jeunes, il est donc nécessaire de synthétiser l’information dans cette perspective. Il y a aussi pas mal de coordination avec le pendant alémanique 20 Minuten. Les deux rédactions se refilent les exclusivités, les « gros trucs » ! Il n’y a donc pas de « Röstigraben », la collaboration est bonne avec la Suisse alémanique.

J’apprécie de travailler dans le cadre d’une équipe jeune, vraiment ouverte, autonome, où l’on vous laisse prendre des initiatives.

Quelle trajectoire avez-vous suivie ?

Je suis passée par un stage journaliste RP à Télétop Matin, tout en suivant parallèlement les cours du CRFJ, le Centre romand de formation des journalistes, soit neuf semaines sur deux ans, avec des examens à la clé. Il y a pas mal de répétitions entre le CRFJ et les cours suivis à l’UniNE : droit de la communication, déontologie, etc. Au CRFJ, on est un peu plus dans la pratique qu’à l’université. Mais j’étais à Neuchâtel avant la création de l’Académie du journalisme et des médias, cela a peut-être changé depuis.

Vous recommanderiez le métier de journaliste ?

Avec prudence, dans la mesure où à l’heure actuelle, on n’y engage pas à tour de bras… Mais je suis un peu l’exemple contraire ! Je suis parvenue à pénétrer dans ce petit monde sans y être particulièrement préparée : je n’avais pas fait de piges pendant mes études, j’ai décroché un stage alors que je n’avais pas d’expérience, bref, j’ai eu de la chance. Mais la chance, cela se provoque !

Le journalisme, lorsqu’on y est, on n’a plus envie d’en sortir. Il y a un certain prestige à être journaliste, et puis c’est un métier passionnant, chaque jour est différent, et cela même si tu es dans une rubrique spécialisée ! Par contre… il ne faut pas compter ses heures ! C’est à cela qu’on voit si on est fait pour ce métier ou pas.

Comment avez-vous choisi vos études ?

Je suis entrée à l’Université avec en poche une maturité en économie et droit. Au départ, je voulais faire HEC St-Gall, mais j’ai été convaincue par l’UniNE lors de la journée d’information des lycéens. Le lendemain, je m’inscrivais : j’ai eu un flash !

Que retenez-vous de vos études ?

La Faculté de lettres et sciences humaines apprend à réfléchir, à synthétiser. De manière plus générale, j’ai  particulièrement apprécié la taille de l’UniNE. Je ne m’attendais pas à pouvoir parler aussi facilement avec les professeurs. Par contre si je devais citer un point faible, je dirais… les horaires de la bibliothèque ! Il faut les élargir ! Mais dans l’ensemble, l’UniNE a été une très bonne expérience.

L’un des mes meilleurs souvenirs, c’est le GIMUN (Geneva International Model United Nations, une simulation des Nations unies). On nous a proposés d’y participer, et nous avons passé une semaine au Palais des Nations. Cela a été pour moi l’occasion de faire un vrai lien entre mes trois branches et de les mettre en pratique : travail journalistique, pratique de l’anglais, connaissances de Science Po.

J’ai aussi trouvé essentiel de participer au FEJS, le Forum for European Journalism Students.  Oui, cela  prend du temps, cela demande beaucoup d’énergie, mais cela permet aussi d’acquérir une vraie expérience. On est plongé dans le monde professionnel, réel, on y noue des contacts utiles pour la suite, on se crée un réseau.

Vos études vous servent-elles aujourd’hui encore ?

Pas directement. Disons qu’elles m’ont permis d’avoir un esprit de synthèse, de savoir raccourcir un texte sans pénaliser son contenu. L’université m’a aussi amenée à avoir une certaine ouverture d’esprit et davantage de curiosité : on t’apprend à aller plus loin.

Quel est votre conseil pour un futur étudiant ?

Surtout, il ne faut pas sous-estimer le thème de mémoire. Le mien, consacré à la presse people, a intrigué. Et il a joué un très grand rôle dans l’obtention de mon premier emploi. Le rédacteur en chef de Télétop Matin m’avait appelée car il avait vu le thème de son mémoire ! Il faut donc bien réfléchir au thème du mémoire, car selon ce qu’on choisit, on peut être avantagé ou pénalisé…

Une chose importante à garder en tête également, c’est que, à moins d’avoir une vocation, on peut toujours changer d’avis en cours d’études. C’est un des avantages de la formation généraliste que sont les Lettres. Ce n’est pas parce que tu as choisi une branche à l’université que tu vas exercer nécessairement dans ce domaine. Il faut se laisser des portes ouvertes, et la chance de changer d’avis…

 

* Titre équivalent au Master actuel, utilisé avant l’introduction du processus de Bologne.

Interview UniNE 2012