Communiqué

Le bonheur à la française

09 mars 2020

Quel est le lien entre un bon repas, une 2 CV et un bouchon de vin ? A partir d’exemples du quotidien, Gaël Brulé décrit une certaine idée du bonheur propre à l’Hexagone. Dans son essai intitulé Petites mythologies du bonheur français qu’il vient de publier aux éditions Dunod, le chercheur en sociologie à l’Université de Neuchâtel (Suisse), natif de France, aborde la notion de bien-être dans son pays d’origine par le prisme de la culture populaire.

Dans la plupart des études académiques qui lui sont consacrées, le bonheur se mesure à l’aune de facteurs socio-économiques que les spécialistes qualifient volontiers d’objectifs, comme le revenu, la situation familiale ou encore l’endroit où l’on vit. Gaël Brulé, lui, s’est intéressé à l’impact de la culture sur le ressenti du bien-être, un aspect trop souvent négligé à ses yeux.

«La culture est pourtant importante, note le sociologue français dans une interview accordée à son éditeur. Elle influence nos choix de vie, nos parcours, nos évaluations et le regard que nous portons sur ce qui nous arrive. J’ai donc décidé de m’y atteler dans ce livre en mettant en avant les spécificités de la culture française et en voyant en quoi elles facilitent ou empêchent notre bonheur.»

Mais pourquoi existerait-il un bonheur typiquement français ? En raison sans doute d’une réputation de bien-être qui colle à la peau de ce pays. «En allemand, néerlandais ou yiddish, on parle de vivre «comme Dieu en France» pour évoquer une vie douce, répond l’auteur. Niveau de développement économique élevé, nourriture, paysages, temps passé à échanger, à manger, à vivre laissent présager d’un bonheur certain.»

Pour décortiquer ce qui fait le bonheur en France, l’auteur a choisi le rapport à des objets typiques du quotidien, à la façon d'un Roland Barthes, déclinés au fil des chapitres du livre. Le bouchon de vin, ou l’attachement au passé ; le repas à la française, symbole de l’hédonisme ; la clôture, une barrière contre l’inconnu ; la classe d’école, marqueur d’un mille-feuille social ; la 2 CV, une voiture libertaire ; et enfin, le journal, au cœur des grandes idées.

Pourtant, l’affaire n’était pas gagnée d’avance. «Quand je parlais de ce sujet d’étude, les gens étouffaient un hoquet, haussaient les sourcils. Cela paraissait pour certains aussi incongru que le beau temps en Bretagne ou la gastronomie anglaise, sourit Gaël Brulé. Car la France est aussi un pays de contestation et d’affrontements, et certaines dimensions de la culture française se mêlent difficilement, comme l’appétence libertaire et les tendances autoritaires.»

Voilà pourquoi l’auteur se penche également sur les obstacles au bonheur, portés notamment par des esprits «catastrophistes » pour qui systématiquement «rien ne va». Ils comprennent deux catégories : les nostalgiques du «c’était mieux avant» et les « économistes aux penchants anglo-saxons et autres représentants des winners de la mondialisation qui adorent détester l’Hexagone, peut-être parce que la France a souvent été perçue comme une possible alternative au capitalisme débridé.»

Le communiqué au format pdf

Contact :

Dr Gaël Brulé
Institut de sociologie
Tél. +33 6 81 89 61 87
gael.brule@unine.ch

En savoir plus :

Gaël Brulé, Petites mythologies du bonheur français, Dunod, 2020, 320p. ISBN 978-2-10-080643-0.
www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/petites-mythologies-du-bonheur-francais