Projet
Mesure du temps, chimie et cuisine: formalisation des pratiques au XVIIe et au XVIIIe siècle
Durée du projet: avril 2020 - mars 2023
Livre de recettes de Rebecca Tallamy, 1735-1738, écrit dans les marges de l’Art of Distillation (1651) de John French. Wellcome Library, Londres, Réf: MS4759 (CC, Public Domain Mark, 1.0)
Un intérêt croissant pour la quantification de la durée
À partir du XVIIe siècle, on constate un intérêt croissant pour la quantification de la durée dans les traités scientifiques et techniques. Les archives enregistrent une multiplication des données temporelles et témoignent de la présence de garde-temps dans la culture expérimentale. Ces indications signalent l’émergence d’une nouvelle culture instrumentale, dont la mesure de la durée est un exemple paradigmatique, qui contribue à la formalisation des pratiques, notamment à la naissance de la chimie moderne et à une nouvelle organisation de la cuisine.
Formalisation des pratiques scientifiques et techniques à l’époque moderne
Le projet examine la formalisation des pratiques scientifiques et techniques à l’époque moderne du point de vue des cultures matérielles et instrumentales, en se concentrant sur la mesure de la durée et sur la diffusion des garde-temps.
La recherche se développe selon trois axes:
- Le premier concerne la matérialité de la mesure de la durée à l’époque moderne, étudiée à partir des objets, des acteurs et des savoirs artisanaux.
- Le deuxième examine l’impact de la mesure de la durée sur la formalisation de la chimie, en étudiant d’abord les traités et les cours de chimie théorique, puis sa mise en pratique dans les laboratoires académiques et domestiques.
- Enfin, le troisième axe porte sur la cuisine. Plus précisément, il s’agit d’analyser les indications temporelles que l’on peut trouver dans les traités, les livres de recettes et les documents relatifs à la préparation des repas collectifs (à la cour, à l’armée, pour les pauvres).
L’objectif de cette recherche est double: d’une part, elle se propose de renouveler l’histoire du processus de l’intériorisation du temps à l’époque moderne à travers l’analyse des « savoirs opératoires » inhérents à la mesure de la durée ; de l’autre, elle entend contribuer à l’étude de la formalisation des savoirs à travers l’analyse de la nouvelle culture de la mesure instrumentale.
Par rapport à l’histoire de l’horlogerie, l’approche adoptée dans le projet permet d’intégrer dans l’étude des dispositifs matériels l’analyse des contextes d’usage. Par rapport à l’histoire des sciences et des techniques, cela permet d’affronter sous un angle original la question de l’essor d’un « esprit de quantification » au XVIIe et au XVIIIe siècle.
En insistant sur la valorisation des collections d’horlogerie, ce projet ne vise pas seulement à montrer l’intérêt de l’étude de l’objet comme document matériel pour l’enquête historique, mais aussi à offrir de nouvelles approches pour la valorisation des collections.
Projet FNS
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