Communiqué

Dans un essai publié aux éditions Tracts Gallimard, des linguistes de France, de Belgique, de Suisse et du Canada contestent dix idées reçues sur l’usage du français. Et proposent trente façons de leur tordre leur cou. Parmi les signataires figure Corinne Rossari, professeure à la chaire de linguistique française de l’Université de Neuchâtel.

On s’attendait à découvrir leur analyse dans un ouvrage de référence soigneusement relié.  Mais c’est dans un cahier brut blanc cassé de format A5, grossièrement agrafé, qu’elle paraît, conformément au visuel de la collection Tracts de chez Gallimard. Le collectif de dix-huit spécialistes y exprime son ras-le-bol face aux critiques sur ce que devrait être l’usage correct du français.

Les discours sur les « fautes » saturent quasiment l'espace éditorial et médiatique contemporain, constate le collectif de linguistes. Mais la différence entre une faute et une évolution, c'est la place qu'elle occupera à long terme dans l'usage. Et l'usage, ça s'étudie avec minutie. C'est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Dont acte.

Non, l'orthographe n'est pas immuable en français, martèlent les spécialistes. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne « déforment » pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n'appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Le collectif passe ainsi au crible, sur soixante pages, à coup de gros caractères d’imprimerie, dix idées reçues sur l’usage de la langue française. Et surtout trente propositions pour en sortir.